« Scrute la nature, c’est là qu’est ton futur » disait Léonard de Vinci. L’homme était visionnaire, puisque qu’aujourd’hui plus que jamais ce précepte prend tout son sens. Jusqu’à présent notre monde s’est construit sur une opposition permanente entre croissance et nature, la première se faisant forcément au détriment de la seconde. Un conflit d’intérêt qui n’a plus lieu d’être avec le biomimétisme, un domaine qui intéresse de plus en plus les chercheurs et les industriels.
Soyons honnêtes. En matière de recherche et développement, la nature a une grande longueur d’avance sur nous, les Hommes. Voilà plus de 3,8 milliards d’années qu’elle conçoit des organismes beaucoup plus performants que tout ce que les humains ont pu créer, que ce soit en matière d’énergie ou de matériaux.
Le constat est simple, la nature est à la fois high-tech et exemplaire : elle fonctionne principalement à l’énergie solaire, n’utilise que ce dont elle a besoin et recycle absolument tout ! De la diversité, elle sait créer une vraie complémentarité et chaque contrainte devient source de créativité. De quoi inspirer les industriels du monde entier non?
C’est bien ce qui est en train de se passer avec le biomimétisme. Cette approche scientifique consiste à s’inspirer de la nature pour mettre au point des produits et des technologies performants et durables. On commence seulement à réaliser l’ampleur de son potentiel, et déjà les choses s’accélèrent pour que nous puissions peut-être enfin un jour concilier progrès et respect de l’environnement.
Qui a déjà vu un embouteillage dans une fourmilière ? Personne, pour la simple et bonne raison que cela n’existe pas. Les fourmis circulent toutes à la même vitesse et gèrent leur trafic en laissant un signal (des phéromones) qui indique aux fourmis suivantes le meilleur itinéraire à suivre. Waze s’est directement inspiré de ce fonctionnement pour développer un algorythme ultra performant et qui a largement fait ses preuves.
La petite histoire qui accompagne souvent l’explication de cette découverte est éloquente. Quand les américains ont débarqué en Normandie, ils cherchaient désespérément un produit de substitution à l’hémoglobine. Alors que les soldats se vidaient de leur sang sur le sable, la solution se trouvait juste sous leurs pieds. Les vers de vase, ceux qui parsèment les plages de petits tortillons de sable ont une hémoglobine exceptionnelle. Cinquante fois plus oxygénée que la nôtre, ses propriétés sont remarquables. La société Hemarina en a tiré un substitut de sang humain qui permettra de fabriquer du sang lyophilisé (donc avec une conservation beaucoup plus longue) ou de faciliter les greffes d’organes (les greffons pourront être conservés pendant 8 jours au lieu des 24h actuelles).
« S’accrocher comme une moule à son rocher », l’expression n’est pas anodine. Car pour rester fixée à son caillou, la moule a développé la colle la plus forte du monde. Elle résiste aux vagues et aux courants, à l’eau et au sel, bref nos glues n’ont qu’à bien se tenir ! Et en plus, la colle des moules ne pollue pas, elle. En découle une autre utilisation pour la médecine : le fil de suture. Imputrescible et ultra résistant le fil que la moule utilise pour coller à son rocher est le suturant ultime qui permet une cicatrisation extraordinaire.
Les toiles d’araignées, de par leur structure, sont capables de réduire et même d’absorber les vibrations dans de larges gammes de fréquences. Des chercheurs s’en sont inspirés pour développer un matériau composite qui pourrait être utilisé pour atténuer le niveau sonore des routes ou des rails.
Par Céline Beaufils
3 minutes Pour manger un biscuit, il faut souvent en passer par l’épreuve des poupées russes: on ouvre un premier emballage, le carton, puis un deuxième, le plastique, puis au fond du troisième,
8 minutes Temporaires, partagés, mobiles… les bureaux se réinventent en même temps que notre vision du travail. Une métamorphose riche de belles promesses autant que d’écueils à éviter.