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La Ville Récréative: vers une ville kids friendly

Dans un environnement urbain où tout est cartésien, rapide et optimisé, quelle place laisse-t-on au ludique, au désordre, à l’inattendu? Alors que partout dans le monde l’urbanisation est galopante, les enfants sont les grands oubliés de nos métropoles. A tel point que l’on parle désormais de « villes post-familles » ou de « childless cities ». Mais la crise qui dure et qui semble sans fin nous amène à considérer le tissu urbain sous un autre prisme que sa simple efficacité. Désormais l’urbanisme et l’architecture développent des approches sociales pour enfin construire une autre ville : une ville récréative. 

No Kids in the block

Force est de constater que les villes ne sont pas des territoires particulièrement attractifs pour les familles. L’immobilier, toujours plus cher, force les foyers à habiter des espaces de plus en plus restreints. L’environnement extérieur quant à lui n’est pas beaucoup plus engageant. La circulation automobile est intense, l’air pollué, l’insécurité permanente. N’en jetez plus, le tableau est suffisamment dressé pour conclure que l’espace urbain se montre hostile envers les enfants.

Dans une ville que l’on veut « intelligente », tout est rationalisé, organisé, efficace. Les citadins en culottes courtes sont comme en détention, réduits à passer d’un espace clos à un autre : de la maison à l’école, de l’école au cours de musique… Même les espaces de jeux sont grillagés. Plus que l’amusement et la découverte, c’est la sécurité qui est devenue la priorité absolue de ces aires pour enfants. Aux Etats-Unis et même en France, certaines municipalités sont allées jusqu’à interdire les balançoires, jugées trop dangereuses.

Rares sont les enfants que l’on laisse jouer dans la rue. Et pour cause, les gardiens d’immeubles, les petits épiciers et tous ces autres « yeux de la rue » ont disparu, mettant fin à une certaine forme de surveillance collective sur laquelle pouvaient s’appuyer les parents. Les commerces de proximité ont désertés les villes pour laisser la place aux centres commerciaux des périphéries et les rues sont devenues trop anonymes pour y laisser gambader nos rejetons.

Les enfants n’ont donc plus d’espace de liberté où ils peuvent expérimenter, tester, laisser leur imagination s’exprimer et se développer. C’est un vrai problème à l’heure où tous les spécialistes s’accordent à dire que la créativité sera l’une des qualités les plus demandées dans le futur monde du travail. Et puis, à trop vouloir les protéger, nous ne les habituons pas à prendre la mesure des dangers ni à apprivoiser leur environnement. 

L’ « aire » de la ville récréative

Restreint aux quelques zones parquées et ultra sécuritaires qui lui sont dédiées, l’enfant se retrouve exclu de la vie urbaine. Mais depuis quelques années émerge l’idée d’une ville récréative qui laisserait sa place à l’inorganisé. Les initiatives, principalement citoyennes et autogérées, sont nombreuses.

A contre courant des aires de jeux aseptisés, de nombreux « junk playgrounds » voient le jour. Il existe ainsi aux Pays de Galles Le Land, un terrain de jeux qui ferait frémir de nombreux parents. Dans ce qui ressemble plus à un terrain vague qu’à un square, les enfants ont de curieux jouets à disposition : des marteaux, des scies, des vieux matelas, des palettes de bois, du feu… Ils construisent des cabanes, brulent des cartons, se baladent sur le toit du petit préfabriqué, bref ils sont libres (et aucun accident n’a été à déplorer jusqu’à présent !). Ici, on fait confiance aux enfants et en leur capacité à s’auto-préserver.

Pour rendre la ville plus agréable, les « pockets garden » ont le vent en poupe. Ce sont de petits espaces urbains abandonnés ou inutilisés qui sont réaménagés en mini jardins publics. Autre signe des temps, on compte de plus en plus de jardins partagés et de jardins cultivés qui remettent l’humain et la convivialité au cœur de la ville. Le Street Art peut également avoir vocation à rendre la cité plus humaine et amusante. 

David Zin

David Zin

L’urbanisme temporaire  et le hacking urbain ont eux aussi leur rôle à jouer. Le collectif « Rue aux enfants » fait partie de ceux qui ont importé en France le concept américain de play-street. On y bloque temporairement la circulation pour permettre aux enfants (et aux adultes) de s’approprier la rue et d’en faire un vrai terrain de jeux.

Ces dernières décennies de frénétique développement urbain nous l’avaient presque fait oublié mais l’espace public est un bien commun. Il doit rester un espace de liberté pour tous, y compris pour les enfants !

Par Céline Beaufils 

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