Force est de constater que les villes ne sont pas des territoires particulièrement attractifs pour les familles. L’immobilier, toujours plus cher, force les foyers à habiter des espaces de plus en plus restreints. L’environnement extérieur quant à lui n’est pas beaucoup plus engageant. La circulation automobile est intense, l’air pollué, l’insécurité permanente. N’en jetez plus, le tableau est suffisamment dressé pour conclure que l’espace urbain se montre hostile envers les enfants.
Dans une ville que l’on veut « intelligente », tout est rationalisé, organisé, efficace. Les citadins en culottes courtes sont comme en détention, réduits à passer d’un espace clos à un autre : de la maison à l’école, de l’école au cours de musique… Même les espaces de jeux sont grillagés. Plus que l’amusement et la découverte, c’est la sécurité qui est devenue la priorité absolue de ces aires pour enfants. Aux Etats-Unis et même en France, certaines municipalités sont allées jusqu’à interdire les balançoires, jugées trop dangereuses.
Rares sont les enfants que l’on laisse jouer dans la rue. Et pour cause, les gardiens d’immeubles, les petits épiciers et tous ces autres « yeux de la rue » ont disparu, mettant fin à une certaine forme de surveillance collective sur laquelle pouvaient s’appuyer les parents. Les commerces de proximité ont désertés les villes pour laisser la place aux centres commerciaux des périphéries et les rues sont devenues trop anonymes pour y laisser gambader nos rejetons.
Les enfants n’ont donc plus d’espace de liberté où ils peuvent expérimenter, tester, laisser leur imagination s’exprimer et se développer. C’est un vrai problème à l’heure où tous les spécialistes s’accordent à dire que la créativité sera l’une des qualités les plus demandées dans le futur monde du travail. Et puis, à trop vouloir les protéger, nous ne les habituons pas à prendre la mesure des dangers ni à apprivoiser leur environnement.