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Les bureaux, en voie de disparition?

En France, 4 millions de personnes travaillent au moins une fois par semaine en dehors de leur bureau, que ce soit depuis chez eux, dans un tiers lieux ou tout simplement depuis un café connecté. Maintenant que nous sommes de plus en plus libres de choisir où nous travaillons, maintenant que nous avons la possibilité matérielle de travailler de partout, quel est l’utilité et l’avenir du bureau ? 

La fin du « bureau carcan »

Fordisme, taylorisme… Longtemps, c’est l’organisation du travail qui a évolué pour s’adapter aux nouvelles exigences économiques. Désormais on va encore plus loin, ce n’est plus l’organisation qui change mais le statut. Qu’il s’agisse de freelance ou de home office, les travailleurs sont de plus en plus indépendants. Cela concerne désormais 15% des actifs français, un chiffre en constante augmentation ces dernières années. Gain de liberté, mais également hausse de la responsabilité, on passe d’une logique « top-down » où les informations circulent à sens unique du haut de la hiérarchie vers le bas, à un fonctionnement inverse: le bottom-up.

Les rapports professionnels changent. Les hiérarchies disparaissent en même temps que les relations s’enrichissent, elles se font plus nombreuses et plus solides. Car paradoxalement, plus les travailleurs sont autonomes, plus ils se lient entre eux via des communautés, des collectifs… Dans son indépendance, chacun garde en tête que malgré tout l’union fait toujours la force.

De plus en plus, nous cherchons à redonner du sens au travail. Souvent trop virtuels, trop segmentés pour comprendre leur impact réel sur l’entreprise, les emplois du tertiaire semblent presque déconnectés du vrai monde. Remplir des fichiers Excel, produire des analyses, préparer des présentations… Les entreprises pullulent de bullshit jobs qui n’ont bien souvent d’autre intérêt pour le salarié que de toucher un salaire à la fin du mois. Mais les attentes changent, les salariés veulent se sentir davantage impliqués, connaître leur impact exact sur le fonctionnement de l’entreprise. En parallèle, beaucoup désirent travailler de manière plus informelle. D’après une étude de Citrix, 22% des français aimeraient avoir accès à des espaces qui permettraient de tenir des réunions improvisées et 19% voudraient profiter d’espaces de détente.

Bref, désormais le travail se partage entre isolement productif, chez soi ou en tous cas ailleurs qu’au bureau, et échanges collaboratifs et informels au sein de l’entreprise. 

Favoriser l’ouverture et la sérendipité

N’avez-vous jamais l’impression en arrivant au bureau d’atterrir dans un univers parallèle et d’être coupé du monde réel ? Les bureaux d’hier et d’aujourd’hui donnent souvent ce sentiment d’être repliés sur eux-mêmes et d’obliger leurs occupants journaliers à vivre dans une sorte de microcosme. Alors que la frontière entre vie pro et vie perso se fait de plus en plus floue, les bureaux de demain se doivent d’être complètement ouverts sur la ville et sur la vie. L’espace de travail se fond dans l’univers urbain et devient un lieu de passage, à l’image de toutes ces startups ou entreprises qui, telle que Michel et Augustin, invitent tout à chacun à venir leur rendre visite pour discuter. Les bureaux ne sont plus des temples sacrés mais des lieux d’échange et de rencontre, ouverts à tous.

Avec le développement de l’entrepreneuriat, du freelance et du nomadisme, les espaces de travail n’ont pas d’autre choix que de s’adapter et permettre cette mobilité croissante. Comment cela peut-il se traduire ? Tout d’abord en jouant sur la flexibilité. C’est ce que l’on constate avec l’émergence de la micro commercialisation. Alors que traditionnellement dans l’immobilier de bureaux, les espaces se commercialisent par lots de taille significative, de nouveaux acteurs apparaissent sur le marché. Ils permettent de louer de toutes petites surfaces, généralement sans durée minimale de location, à l’opposé des baux classiques 3-6-9 (le locataire s’engage sur une période minimale de 3, 6 ou 9 ans), C’est le cas de la plateforme Bureaux à Partager qui met en relation des propriétaires de bureaux avec des personnes à la recherche d’un ou deux postes de travail. Office Riders va encore plus loin. Présentée comme le Air Bnb du bureau, la plateforme permet à des particuliers de louer leur appartement à la journée à des travailleurs nomades en quête d’un bureau occasionnel. Une manière de faire fructifier son bien immobilier inoccupé la journée pour les uns et de s’offrir flexibilité totale et confort pour les autres.

D’ailleurs, le confort, parlons-en. Cela devient l’une des attentes principales des professionnels. Alors certes, les fauteuils se doivent d’être agréables, mais c’est d’un autre confort dont il s’agit. La quête ultime c’est celle du bien-être, de la convivialité. Chacun doit se sentir stimulé, à l’aise dans son cadre de travail. Pour ce faire, il faut un lieu qui multiplie les occasions de détentes, les sources de rencontre et de discussion. Loin de distraire les esprits, ils permettent au contraire de développer la créativité et libérer les échanges. A l’heure où l’open source et l’innovation sont des gages de réussite, il est important d’encourager ces rencontres informelles. Une simple machine à café ne suffit donc plus, il faut désormais aller plus loin, créer des espaces de travail informels, développer des zones plus studieuses et inventer des lieux multi-modaux et collaboratifs.

Désormais, les entrepreneurs ne cherchent plus une adresse ou des mètres carrés, ils veulent donc des services et du qualitatif. Le bureau n’est plus un decorum, ni le lieu du travail par excellence, c’est devenu un lieu de passage, de formation et d’information, ouvert à tous et qui permet de créer du lien, de la cohésion et surtout une image de marque pour l’entreprise qu’il abrite. Mobilité, mixité, liberté et bien-être, voilà par où passe le ré-enchantement des bureaux 3.0.

Par Céline Beaufils 

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