WeLab

3 minutes

Révolution Freelance


C’est une révolution. Silencieuse certes, mais une révolution tout de même. Alors donnons lui de la voix et écrivons le noir sur blanc : les congés payés, les RTT et les fiches de paie sont has been… Le salariat est mort, vive le freelance !!! Points d’exclamation ? Oui, trois fois oui. Car s’il évolue dans le bon sens, le travail en freelance n’est pas une précarisation de la société, c’est une libération. 

La mort annoncée du CDI

Qui de nos jours est sûr de garder son emploi, de voir son salaire augmenter régulièrement, de toucher une retraite le jour venu ? Honnêtement : personne. Le risque est partout, même dans le CDI.

Téméraires les freelances ? Pas forcément, disons plutôt réalistes et volontaires. Car, il faut l’avouer, beaucoup se lancent plus par nécessité, las de chercher un emploi. Mais ils créent une nouvelle voie. Accéder à la richesse au sens financier du terme devient de plus en plus difficile  et vide de sens. Les freelances voient les choses sur un autre angle : plutôt que chercher à posséder plus et donc à gagner plus, pourquoi ne pas adapter ses revenus à ses besoins, ni plus ni moins ? Et devenir riche de son temps. Que ce soit pour le passer avec la famille, à faire du sport, à voyager ou à se consacrer à un hobby, le temps nous est précieux.

Le freelance organise sa journée et son temps de travail à sa guise. Il peut s’accorder du temps libre en semaine et travailler le week-end. Il peut adapter ses horaires de travail aux besoins de sa vie personnelle et familiale. En d’autres termes : il travaille (et gagne) moins mais il vit mieux.

A l’inverse, en contre-partie de sa stabilité le salarié « appartient » à son employeur. Cinq fois par semaine, il lui est entièrement dévoué entre 9h et 18h. Sa « propre vie », celle où il peut se consacrer à ses occupations personnelles et familiales, commence seulement après. 

Une carrière en mode projets

« Bientôt on ne demandera plus aux gens quel est leur métier mais quels sont les projets sur lesquels ils travaillent »

Voilà ce qu’a récemment déclaré un politicien américain devant l’ampleur du phénomène. La plupart des freelances alternent missions « gagne pain » et missions « passion » d’où un profond sentiment d’accomplissement et d’épanouissement. En 2014 en France on comptait 700.000 freelances (source Hopwork), soit une hausse de 85% en l’espace de 13 ans. Et une majorité de ces freelances sont des slashers, c’est à dire qu’ils cumulent plusieurs activités: graphiste/prof /bloggeur/ créateur de mode. 

Ne pas faire rimer liberté avec précarité

L’âge d’or du salariat semble bel et bien révolu. Qu’on le regrette ou non, il n’est plus temps d’être nostalgique envers ce monde en train de disparaître. L’important maintenant est de créer un cadre, une protection pour tous ces travailleurs indépendants.

Beaucoup trouvent leurs clients via des grandes plateformes de crowdsourcing qui servent uniquement d’intermédiaires (par exemple Uber pour les VTC). Le danger serait que la relation plateforme /freelance ne devienne trop déséquilibrée. Il faut éviter que la plateforme ne tire trop avantage de sa position de « pourvoyeur de mission » (et ce sans aucune obligation sociale puisqu’elle n’est pas employeur). C’est ce que l’on peut reprocher par exemple à la plateforme Amazone Mechanical Turk. Elle propose des petites missions plutôt rébarbatives mais qui ne peuvent pas être effectuées par une machine, type tagging, ou dédoublonnage de bases de données. Pour une micro tâche donnée, le pourvoyeur de la mission alloue un temps (2 min, 5 min) et une (micro) rémunération qui ne dépasse presque jamais 1$ de l’heure. Si la mission n’est pas réalisée dans les temps, elle n’est pas payée, si le client n’est pas entièrement satisfait, il n’a pas l’obligation de payer non plus, et ce en n’ayant aucune justification à fournir. Le client évalue le freelance, mais le freelance lui ne peut pas évaluer son client et n’a donc aucun moyen de communiquer à ses pairs s’il a été bien traité et dûment payé.

Autre problème de taille, celui de la protection sociale. Jusqu’à présent tout notre système était basé sur le salariat. Pas d’indemnisation chômage pour un freelance, pas d’indemnisation journalière en cas de maladie, pas les mêmes droits à la retraite. . . Du fait de l’irrégularité de ses revenus, il est aussi très difficile pour un freelance de souscrire un emprunt immobilier ou même de louer un appartement. Bref, il reste encore à structurer ce nouveau mode de travail. C’est d’ailleurs l’un des thèmes prévus pour la prochaine conférence sociale qui aura lieu dans quelques jours.

La création d’un vrai cadre de travail pour les indépendants est un vaste sujet. Il fera l’objet d’une série d’articles à suivre sur ce blog car il est important de suivre l’actualité dans ce domaine et de s’assurer que tout avance dans le bon sens !

Par Céline Beaufils 

Enregistrer

Ces articles peuvent vous intéresser

Economie

Zero Waste? Yes we can!

3 minutes Pour manger un biscuit, il faut souvent en passer par l’épreuve des poupées russes: on ouvre un premier emballage, le carton, puis un deuxième, le plastique, puis au fond du troisième,

Archipellisation du travail
Organisation du travail

L’archipellisation des lieux de travail

8 minutes Temporaires, partagés, mobiles… les bureaux se réinventent en même temps que notre vision du travail. Une métamorphose riche de belles promesses autant que d’écueils à éviter.

Ne loupez aucun de nos articles !