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« Chacun Cherche Son Âne », une solution toute trouvée

L’économie positive, c’est aussi la solidarité, la vraie, celle qui amène ses bénéficiaires vers l’autonomie et l’indépendance. Alors nous avons choisi de vous présenter Chacun Cherche Son Âne, une association d’aide à l’autonomie des cultivateurs Burkinabé. Le concept de base: permettre aux paysans du Burkina Faso d’acquérir un âne via un micro-crédit à taux zéro. Pour nous, citadins français, ça n’a l’air de rien, mais pour les ruraux du Burkina Faso ça change tout.
L’association existe depuis presque 6 ans maintenant, et depuis de nouveaux projets ont vu le jour. C’est pour cela d’ailleurs que l’association lève actuellement des fonds sur Bluebees. Laure Berthon, présidente et co-fondatrice de CCSA, nous raconte tout. 

WeLab: Comment est née l'association?

Laure Berthon: J’ai travaillé quelques années à Boromo pour un projet d’éducation environnementale et m’y suis fait de nombreux amis. Alors lorsqu’en 2009, mon ami Yacouba a perdu son âne et s’est retrouvé en difficulté pour récolter les céréales nécessaires à l’alimentation de sa famille pour toute l’année, j’ai fait appel à la générosité de mes amis en France. Ensemble, nous avons mis en commun quelques euros pour racheter un âne à Yacouba.
Quelques semaines plus tard, nous avons décidé de monter un projet permettant à d’autres familles de la région de Boromo d’acquérir un âne. En février 2010, l’association Chacun Cherche Son Âne voyait le jour et le programme « parrainons un âne » démarrait avec le parrainage d’un premier âne à Boromo. 

WeLab: Quel est le constat de départ et comment fonctionne CCSA?

Laure Berthon: Le constat est assez simple : au Burkina Faso, la population assure sa subsistance avec très peu de moyens. La grande majorité des familles vit avec environ 1€ par jour et se nourrit principalement des céréales qu’elle cultive. L’âne est un outil indispensable pour faciliter durablement l’agriculture vivrière et les corvées quotidiennes (transport de l’eau, transport de marchandises, travaux agricoles etc.). Persuadés, comme de nombreuses familles burkinabè, que l’âne est un outil de développement durable, nous avons développé des programmes solidaires autour de celui-ci, répondant aux besoins des cultivateurs.
L’association française « Chacun Cherche Son Ane », constituée d’une équipe de 10 bénévoles, travaille main dans la main avec l’association burkinabè  de même nom, coordonnée par une équipe locale indemnisée pour son travail. CCSA-France collecte des fonds et élabore des programmes solidaires avec CCSA-Burkina Faso qui les met en oeuvre. 

WeLab: L'association existe depuis maintenant 5 ans, suffisamment pour prendre du recul et mesurer son impact. Quels sont les résultats jusqu'à présent?

Laure Berthon: A ce jour, nous développons 2 programmes dans 8 villages de la région de Boromo :
–  « Parrainons un âne » qui permet à des familles d’acquérir un âne par le biais d’un microcrédit à taux zéro financé par un « parrainage » qui prend la forme d’un don de 99€ (déductible à 66% des impôts, puisque notre association est reconnue d’intérêt général).
– « Des charrettes en partage » qui propose aux familles ayant acquis un âne, de se partager une charrette et une charrue par petits groupes de 3 à 5 familles dans chaque village. Nous levons d’ailleurs des fonds en ce moment pour le volet 2016 du programme par le biais d’une campagne sur bluebees.
Depuis notre création nous avons soutenu une centaine de familles et améliorons leur quotidien en répondant à leurs besoins concrets. 

 

WeLab: Quels sont les projets de développement de l'association?

Laure Berthon: Nous réfléchissons à la mise en œuvre d’un programme centré sur l’agroécologie afin de lutter contre les intrants chimiques qui envahissent progressivement les terres cultivables… Pour cela, notre équipe burkinabè a participé aux rencontres/formations à l’agroécologie qui ont eu lieu en février dernier au Burkina avec la fondation Terre & Humanisme en présence de Pierre Rabhi.
Nous avons aussi mené une enquête auprès de nos bénéficiaires afin d’évaluer la pertinence du développement d’un programme sur ce thème et l’impact de nos actions dont les résultats sont consultables sur notre site internet. 

WeLab: L'ambition de WeLab est de diffuser des infos positives. Peux-tu partager avec nous une ou deux bonnes nouvelles qui concernent CCSA ou le Burkina ?

Laure Berthon: Une bonne nouvelle pour le Burkina Faso? Je dirais la force de son peuple et sa victoire pour la démocratie !
En effet, ce pays est devenu un exemple pour la démocratie en Afrique de l’Ouest. La population a mené en octobre 2014 une véritable révolution populaire pour mettre fin aux 27 ans de pouvoir du président Blaise Compaoré. Elle a ensuite réussi à arrêter en quelques jours le coup d’état du Général Dienderé en septembre dernier. Enfin, un nouveau président a été élu il y a quelques semaines par le biais d’élections démocratiques et sans aucun heurts. Le Burkina Faso est aujourd’hui un exemple pour de nombreux pays africains et porte bien son nom de « pays des hommes intègres »!
Une bonne nouvelle pour CCSA ? L’affection que nous portent les professionnels des ânes en France! Nos actions ont été relayées dans le magazine spécialisé « Les cahiers de l’âne » en mai 2014 : un véritable gage de confiance pour nos actions. Nous travaillons aussi depuis peu, avec France Anes et Mulets, fédération des éleveurs et utilisateurs professionnels des ânes, qui nous a notamment invité sur le salon du cheval à ses cotés et réfléchit avec nous au développement de nos programmes solidaires.

Par Céline Beaufils 

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