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La vie de quartier à la mode « agrihood »

Soyez les bienvenus dans notre agrihood… Voilà ce que nous lirons peut-être dans quelques années à l’entrée des quartiers les plus récents. Mais qu’est-ce donc qu’un agrihood ? Cette toute nouvelle expression désigne un quartier urbain construit autour de l’agriculture. L’agriculture y joue alors un rôle à la fois central et multiple : nourricier, paysager mais aussi social et fédérateur. Fréquent en campagne, cette façon d’envisager la construction et la vie d’un quartier fait désormais son apparition en ville.

Agrihood: le retour à la terre

Nous le savons, la relocalisation de l’économie est une tendance lourde, particulièrement pour tout ce qui concerne l’alimentation La demande de nourriture saine et locale a déjà bouleversé nos circuits alimentaires. Et elle pourrait même aller jusqu’à redessiner nos périphéries urbaines.

Car pour répondre à cette demande croissante, les villes consacrent de plus en plus d’espaces à l’agriculture urbaine. Qu’il s’agisse de friches, de terrains abandonnés ou de simples bordures de trottoirs, la moindre parcelle de terre peut être utilisée pour cultiver des fruits et des légumes frais. Les Incredible Edibles (ou les Incroyables Comestibles en France) s’en sont fait une spécialité. Grâce à eux, partout dans le monde les villes se transforment et se parsèment de potagers remplis de « nourriture à partager ».

La ville de Detroit, connue pour sa renaissance autour de l’économie collaborative, a également pris une longueur d’avance en matière d’agrihood avec la Michigan Urban Farming Initiative. La MUFI, comme on la surnomme, regroupe un jardin de 8000m2, un verger de 200 arbres et un jardin sensoriel pour les enfants. Sa production est distribuée gratuitement aux habitants du quartier, aux églises, aux banques alimentaires… 

MUFI – droits photo: Michelle & Chris Gerar

Aux Etats-Unis toujours, The Cannery est un nouveau quartier situé en périphérie de Davis, une ville de 65 000 habitants. Il a vu le jour en 2015 et compte pour l’instant 55 maisons. Sa particularité ? Il est entouré de plus de 3 hectares de terres agricoles. On y cultive toutes sortes de fruits et légumes, des poulets s’y promènent en liberté… Bref on se croirait facilement en pleine campagne. Sauf que The Cannery est situé à tout juste 3 km de la ville… Alors que nous étions complétement déconnectés de la production alimentaire, de plus en plus de familles font la démarche inverse et cherchent à se « reconnecter » à la terre, sans pour autant devenir agriculteurs eux-mêmes. Et The Cannery en est l’illustration-même : la proximité d’une ferme apporte bien plus que de la nourriture, elle transforme la relation que les habitants tissent entre eux en favorisant les interactions et en devenant le centre névralgique du quartier. 

Cannery – droits photo: The New Home Company

Résilience et autosuffisance

En plus de produire leurs propres aliments, les nouveaux quartiers de demain chercheront à atteindre l’autosuffisance globale. C’est l’ambition du ReGen Village qui verra le jour l’année prochaine. Situé dans la ville d’Almere à côté d’Amsterdam, ce quartier, que l’on peut déjà qualifier d’agrihood, sera également autonome en énergie, filtrera ses eaux usées et recyclera ses déchets. Un beau programme qui sera pour l’instant réservé à quelques happy fews (les maisons les plus accessibles y coûteront tout de même 700 000$). 

ReGen Village – Droits photo: Projekt

Mais ce village se veut surtout le test grandeur nature d’un concept à vocation mondiale. Que ce soit dans d’autres pays européens ou même dans les pays en voie de développement, il a vocation à être reproduit partout, et à des coûts potentiellement plus raisonnables.

Si une telle autonomie est possible, c’est grâce à un astucieux mélange de hautes technologies et de bonnes vieilles techniques. La pratique de l’aéroponie, de l’aquaponie associée de la permaculture permettra aux récoltes d’atteindre un haut rendement malgré une consommation d’eau et d’énergie minimes. Les déchets organiques ménagers seront transformés en énergie grâce à un générateur de biomasse ou viendront nourrir les animaux d’élevage. Ces animaux produiront des excréments qui serviront d’engrais pour les cultures qui viendront nourrir les habitants qui produiront des déchets mangers. N’en jetez plus, la boucle est bouclée. Le système pourra fonctionner à l’infini. Et on mesure d’autant plus l’intérêt pour les pays les plus pauvres de voir de tels villages apparaître sur leur territoire

Bref, en urbanisme comme en agriculture l’heure est à l’innovation. Et quand les deux évoluent conjointement le résultat peut dépasser nos espérances les plus folles. La ville 2.0 sera en mode agrihood ou ne sera pas!

Par Céline Beaufils 

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